Etude de cas sur le projet : « Appui au renforcement du système de protection sociale au Burkina Faso (ARSPS-BF) » Full Time

1.Contexte et Justification

Contexte général

Le Burkina Faso, un pays sahélien en voie de développement, fait face à une crise humanitaire exacerbée par des facteurs climatiques, des déplacements internes massifs et une insécurité croissante. Au 31 mars 2023, le Conseil National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation (CONASUR) enregistrait 2 062 534 personnes déplacées internes (PDI), dont 23,91% de femmes, 17,59% d’hommes et 58,50% d’enfants de moins de 14 ans. Ces déplacements massifs exercent une pression considérable sur les ressources locales, notamment dans les zones jugées sûres comme la commune de Ouahigouya.

Depuis son indépendance, le Burkina Faso a progressivement mis en place divers dispositifs et programmes de protection sociale pour améliorer les conditions de vie des populations vulnérables. La Politique Nationale de Protection Sociale (PNPS) 2013-2022 a permis des avancées significatives, telles que le renforcement de la sécurité sociale pour les travailleurs, la dynamisation du CONASUR, et la gratuité des soins de santé pour les enfants et les femmes enceintes. Cependant, les besoins restent immenses en raison du contexte sécuritaire et des déplacements de populations.

Projet de Filets Sociaux

Le Projet de Filets Sociaux (PFS), soutenu par la Banque Mondiale, a été lancé en 2015 avec pour objectif d’accroître l’accès des ménages pauvres et vulnérables aux filets sociaux et de jeter les bases d’un système de filets sociaux adaptatifs au Burkina Faso. Le PFS comprend trois composantes principales :

• l’établissement des fondements d’un système national adaptatif de filets sociaux,
• les transferts monétaires inconditionnels trimestriels de soutien à la consommation de 35 000 XOF pendant 2 ans, couvrant entre le 11% et le 15% des besoins annuels des ménages en situation de pauvreté chronique,
• le volet d’inclusion productive avec 3 composantes différenciées : La première met l’accent sur l’inclusion financière, les compétences de base en micro-entreprenariat, et l’accès aux marchés ; La deuxième vise à dynamiser les aspirations des bénéficiaires, leurs compétences personnelles et interpersonnelles, ainsi qu’aborder les normes de genre et sociales pour obtenir le soutien de la communauté et enfin, la troisième offre un accès supplémentaire au capital pour renforcer/initier une AGR.

Le projet intègre également des PDI sur les mêmes critères que les autres bénéficiaires. En attendant le développement du Registre Social Unique (RSU), le PFS utilise les listes du CONASUR et celles issues du ciblage communautaire pour la sélection des bénéficiaires. Le gouvernement prévoit d’institutionnaliser (s’approprier) et d’étendre ce projet (avec plus de partenaires techniques et financiers participants) pour répondre de manière plus efficace aux besoins des populations vulnérables. Tous les ménages vulnérables ciblés ne bénéficient pas du paquet complet de support. Sur un total de 242 266 ménages supportés après 10 ans, soit 1 429 425 individus, seulement 15.624 ménages ont pu bénéficier du support complet.

Justification

La Croix-Rouge Burkinabè (CRBF), en tant qu’acteur local et auxiliaire des pouvoirs publics, est particulièrement bien positionnée pour appuyer la mise en œuvre de la stratégie nationale de protection sociale. Avec une présence dans les 45 provinces du pays, la CRBF met l’accent sur l’intégration des populations les plus vulnérables, le renforcement de la résilience et la réponse aux crises.

Le projet pilote « Appui au renforcement du système de protection sociale au Burkina Faso (ARSPS-BF) », financé par la Croix-Rouge Britannique (BRC) et mis en œuvre par la CRBF en collaboration avec la Croix-Rouge de Belgique (CRB), vise à renforcer la résilience des populations vulnérables et à contribuer à la cohésion sociale à travers une protection sociale inclusive et adaptative de qualité.

Les objectifs spécifiques de ce projet incluent :

1. Contribuer à l’élaboration et à la coordination des politiques et des programmes de protection sociale : La CRBF participe activement aux consultations pour le développement de la nouvelle Stratégie Nationale de Protection Sociale (SNPS), du Programme de Filets Sociaux et du Registre Social Unique (RSU).
2. Renforcer la résilience de 450 ménages vulnérables : À travers des mesures productives et des distributions de kits alimentaires, le projet vise à améliorer les conditions de vie des ménages vulnérables, notamment dans la commune de Ouahigouya, en complémentant le PFS.

Débuté en octobre 2023, le projet prendra fin le 31 mars 2025. Pendant cette période plusieurs changements sont survenus : multiplication des catastrophes, persistance des attaques armées, suspension des interventions humanitaires basées sur les transferts monétaires (arrêté N°2023-883/MATDS/RNRD/GVT-OHG/SG du 30 octobre 2023), instabilité institutionnelle, réduction de l’accès humanitaire, etc. Tout ceci a conduit la CRBF à revoir constamment ses modalités d’intervention. La modification la plus significative a été le passage des transferts monétaires aux distributions en nature, notamment par le biais de kits d’activités génératrices de revenus, pour la composante des mesures productives et des kits alimentaires à la place des transferts monétaires trimestriels.

Compte tenu de ce contexte, la BRC et la CRBF recherchent un consultant ou un groupe de consultants pour conduire une étude de cas sur la capacité d’adaptation de la CRBF dans ce contexte changeant, ainsi que pour réaliser une analyse comparative de la modalité de distribution en nature utilisée dans le cadre de cette intervention par rapport à la modalité de transferts monétaires utilisée par le PFS.

2. Objectifs de l’étude

L’étude proposée aura deux objectifs spécifiques :

Objectif 1 : Mettre en évidence l’agilité et la capacité de la CRBF à s’adapter au contexte changeant dans le cadre de ce projet pilote

Analyser comment la CRBF a su ajuster son intervention tout le long de ce projet en réponse aux évolutions du contexte local ainsi que des nouvelles réalités et des besoins émergents (changement de modalité d’assistance, révision de la stratégie de ciblage, non-continuité du PFS pendant la période de mise en œuvre, etc.), en identifiant les facteurs favorisant cette adaptabilité ainsi que les obstacles rencontrés, qu’ils soient intrinsèques à l’organisation ou externes à celle-ci. Des recommandations seront formulées sur les aspects qui pourraient être améliorés.

Objectif 2 : Réaliser une analyse comparative entre la modalité de distribution utilisée dans le cadre de ce projet pilote (distribution en nature) et la modalité de transferts monétaires utilisée par le PFS.

Cette analyse comparative devra comprendre :

• Une analyse Value for Money pour comparer l’économie, l’efficacité, l’efficience et l’équité des deux modalités (distributions en nature versus transferts monétaires);
• Une analyse comparative de l’utilisation du support reçu par les bénéficiaires ainsi que leur niveau de satisfaction ;
• Une analyse comparative des risques concrets de chaque modalité dans ce contexte spécifique (détournement, fraude/corruption, sécuritaires envers le staff et les bénéficiaires, dépendance de l’aide, conflits/violence) ;
• Une évaluation comparative des effets indirects (positifs et négatifs) au niveau économique et social dans la zone d’intervention auxquels les deux différentes modalités de distribution ont contribué.
• Une appréciation du niveau d’implication des autorités dans la mise en œuvre du projet ainsi que leur niveau de satisfaction.

3. Défis et Limites de l’étude

• Actuellement, toute enquête de terrain, particulièrement dans la région du Nord, doit recevoir une autorisation spécifique. Les distributions de transferts monétaires étant interrompues, nous ne savons pas encore si nous pourrons questionner les participants sur les transferts reçus avant cette interruption.
• L’étude se fera en collaboration avec les gestionnaires du PFS. Les modalités de cette collaboration seront adaptées et discutées selon les conditions spécifiques au moment de réaliser l’étude, étant donné l’évolution rapide du contexte. Tenant compte que le PFS a finalisé sa mise en œuvre, l’unité de gestion du PFS a été désintégrée, il y a donc un risque de ne pas pouvoir rencontrer les personnes clés.
• Par ailleurs les dernières distributions monétaires dans le cadre de ce projet datent de 2023 (début du mois d’octobre 2023, juste avant la mesure de suspension), il faudra s’interroger sur la possibilité et la fiabilité des données qui seront collectées un an après. Il est également important de cartographier les actions de plaidoyer autour de l’utilisation des transferts monétaires menées jusqu’à présent par les autres acteurs au Burkina Faso, afin de déterminer ce que nous pourrions faire différemment pour avoir plus du succès par rapport à ce qui a été déjà fait jusqu’à présent.
• Pour l’analyse comparative, nous ne disposons pas de données sur l’impact du projet en cours, étant donné que les soutiens aux bénéficiaires ont été réalisés récemment. Par conséquent, nous ne pourrons pas mesurer cet aspect lors de cette étude.

4. Public cible

Le public cible de cette étude sera :

• Pour le premier objectif concernant la capacité d’adaptation de la CRBF dans le cadre de ce projet, il est proposé de partager les apprentissages avec les autres Sociétés Nationales et acteurs locaux afin qu’ils puissent les répliquer dans leur propre contexte. Il est également important de partager ces apprentissages avec les autres acteurs humanitaires et bailleurs de fonds pour démontrer la capacité d’adaptation des acteurs locaux, afin qu’ils soient priorisés comme partenaires de choix.
• Pour le deuxième objectif, le public cible est constitué des décideurs et des autorités publiques au Burkina Faso, afin de montrer les bénéfices de l’utilisation des transferts monétaires par rapport à d’autres modalités d’intervention.

5. Méthodologie

Il est proposé de conduire cette étude sur la base d’une méthodologie combinée :

• Faire une comparaison des deux modalités utilisées respectivement par chaque projet, basées sur le coût/efficacité
• Faire une comparaison quantitative en se basant sur les résultats/objectifs similaires des deux projets
• Intégrer également une comparaison qualitative

Voici un aperçu de la méthodologie proposée pour cette étude de cas par objectif :

Objectif 1 : Mettre en évidence l’agilité et la capacité de la CRBF à s’adapter au contexte changeant

Revue documentaire: Analyser les documents de base du projet (note succincte, cadre logique, budget et chronogramme), rapports de projet, les comptes rendus de réunions et rapports des enquêtes/évaluations conduites.

Entretiens semi-structurés / groupes de discussions: Mener des entretiens avec les responsables de projet (CRBF, CRB, BRC) et certains bénéficiaires pour recueillir des témoignages sur les ajustements réalisés et leur pertinence.

Analyse des données qualitatives: Utiliser des logiciels d’analyse qualitative pour identifier les thèmes récurrents et les leçons apprises concernant l’adaptation au contexte changeant.

Objectif 2 : Réaliser une analyse comparative entre la modalité de distribution utilisée dans le cadre de ce projet pilote (distribution en nature) et la modalité de transferts monétaires utilisé par le PFS

Revue documentaire: Analyser les documents de base du projet (note succincte, cadre logique, budget et chronogramme), rapports de projet, les comptes rendus de réunions et rapports des enquêtes/évaluations conduites.

Collecte des données auprès des équipes CRBF et du PFS: Rassembler les données sur les coûts administratifs, les coûts de gestion de projet et les coûts de mise en œuvre pour les distributions en nature, en incluant les coûts directs et indirects, ainsi que les délais de mise en œuvre.

Enquêtes ménage: Sélection d’un certain nombre de ménages ayant été soutenus par le PFS jusqu’en 2023 et de ménages soutenus par le projet de la CRBF en 2024 pour mener des enquêtes, sur la base de certains critères afin de garantir la comparabilité des données.

Entretiens semi-structurés / groupes de discussions: Mener des entretiens semi-structures avec le staff des deux projets, des leaders communautaires (y compris les autorités administratives et/ou coutumières) et organiser des groupes de discussion avec les bénéficiaires et les acteurs locaux pour approfondir la compréhension sur les risques et les effets indirects.

Analyse comparative: Calculer le ratio coût-transfert pour chaque modalité (coût par dollar transféré aux bénéficiaires). Comparer les coûts et les délais de mise en œuvre entre les distributions en nature et les transferts monétaires. Analyser les données des enquêtes et des groupes de discussion pour identifier les tendances, les risques et les impacts indirects.

6. Acteurs à impliquer

Partenaires

Croix Rouge Burkinabè:

– Coordinatrice du Développement Communautaire et Protection Sociale

– Directeur des programmes

– Chargé de l’ingénierie des projets et programmes

– Point Focal Transferts Monétaires

– Chef de projet

– Superviseur SAME

– Logistique

– Responsable mobilisation communautaire et redevabilité

– Coordinateur régional du centre-nord

Croix Rouge de Belgique: Représentant pays au Burkina Faso

Croix Rouge Britannique: Responsable programme sécurité alimentaire et moyens d’existence

Autres acteurs :

– Banque Mondiale

– PFS

Services techniques: Agriculture- Elevage- Action Humanitaire-Jeunesse et emploi

Acteurs communautaires: Bénéficiaires- Commerçants- Autorités administratives et coutumières

Autres acteurs: Coordination Cash Working group national- Cash working group intranational du Nord- CALP – au niveau régional

7.Livrables

• Rapport de cadrage, détaillant la portée de l’étude, la méthodologie et le calendrier de mise en œuvre
• Outils de collecte
• 2 rapports séparées par Objectif/étude de cas, de maximum 10 pages chacun, et adaptés au public cible de chacun
• Présenter l’étude lors d’un atelier en ligne avec les partenaires impliqués
• Partage de toutes les données qui seront collectées

8.Calendrier

L’étude est prévue pour se réaliser de démarrer à distance à partir du 17 Février 2025, pour un total de 27 jours ouvrables allant jusqu’au 4 Avril 2025.

A partir du 04 Mars 2025 le/s consultants devra/ont se déplacer sur le terrain (Burkina Faso, notamment dans la capital Ouagadougou et dans la zone d’implémentation du projet, Ouahigouya et villages environnants) pour un total de sept jours ouvrables.

Les étapes à suivre (analyse, rapportage, présentation de l’étude, développement des matériels de formation) pourront se mener également à distance.

Le consultant principal devra être dédié à temps plein pendant toute l’étude.

Revue documentaire: 17 –18 Février 2025 (2 jours)-A distance- Avec Responsable Programme SAME BRC et Croix Rouge Burkinabé

Révision de la portée de l’étude et rapport de démarrage :19 – 22 Février 2025 (3 jours)-A distance-Avec equipe BRC Sahel / Conseillères techniques SAME et Transferts monétaires, Croix Rouge Burkinabé et Croix Rouge de Belgique

Développement des guides d’entretien et organisation des entretiens: 24-25 Février 2025 (2 jours)-A distance- Avec Equipe BRC Sahel, Conseillères techniques SAME, Croix Rouge Burkinabé et Croix Rouge de Belgique

Finalisation des outils: 3 Mars 2025 (0,5 jour)-A distance- Avec Equipe BRC Sahel, Conseillères techniques SAME, Croix Rouge Burkinabé et Croix Rouge de Belgique

Collecte de données et entretiens sur le terrain : du 4 au 12 Mars 2025 (7 jours)-Ouagadougou et Ouahigouya- Avec Croix Rouge Burkinabé et Croix Rouge de Belgique

Analyse de données: 13 au 19 Mars 2025 (5 jours)- A distance

Rapportage initial: 20 au 27 Mars 2025 (6 jours)-A distance- Avec Equipe BRC Sahel, Conseillères techniques SAME, Croix Rouge Burkinabé et Croix Rouge de Belgique

Présentation de l’étude: Date á définir, autour du 28-31 Mars 2025 (0,5 jour)- A distance- Avec Equipe BRC Sahel, Conseillères techniques SAME, Croix Rouge Burkinabé et Croix Rouge de Belgique

Rapport final: Au plus tard le 4 Avril 2025 (1 jour)- A distance- Equipe BRC Sahel, Conseillères techniques SAME, Croix Rouge Burkinabé et Croix Rouge de Belgique

9.Profile du/des consultant(s)

• Expérience préalable de travail avec d’autres acteurs humanitaires d’au moins 5 ans ;
• Expérience dans des études similaires sur la capacité d’adaptation des organisations, démontrant une expertise dans l’évaluation de la flexibilité organisationnelle et la gestion du changement ;
• Expérience de travail sur les transferts monétaires et notamment dans des études similaires d’analyse comparative des différentes modalités d’intervention (transferts monétaires versus distributions en nature) ;
• Expertise dans l’utilisation de méthodologies quantitatives et qualitatives (ainsi que la maîtrise des outils de collecte et d’analyse de données digitales) afin de fournir une analyse complète des données recueillies ;
• Expérience dans la conduite de formations et le renforcement des capacités des acteurs locaux, afin de pouvoir formuler des recommandations appropriées ;
• Connaissance des normes internationales et des directives en matière d’aide humanitaire et de protection des données, pour assurer le respect des réglementations en vigueur lors de la collecte et du traitement des informations ;
• Expérience de travail dans la région du Sahel et notamment au Burkina Faso
• Très bonne maitrise du français, à l’oral comme à l’écrit ;
• Parler couramment les langues locales de la région du Nord (Burkina Faso).

“In the British Red Cross we will not tolerate any form of misconduct, including sexual harassment, exploitation and abuse. We have a code of conduct in place and are committed to creating a culture of integrity in the organisation where misconduct is not tolerated, situations of abuse are quickly investigated and perpetrators are dealt with effectively.”